Chronologie de 1604 à 1740

 

Image Chronologie 1604 à 1740L'Acadie d'hier (1604 à 1740)

Voici une chronologie sommaire des événements majeurs de l’histoire acadienne, partant de la naissance de l’Acadie en 1604 jusqu’aux événements qui ont précédé la déportation de 1755.



Les Amérindiens

Avant l'arrivée des Européens, les tribus indigènes, Malécites et Micmacs se partageaient le territoire de la future Acadie. Les Malécites occupaient le sud et l'ouest du Nouveau-Brunswick (Canada) actuel et une partie de la Nouvelle-Angleterre. Les Micmacs occupaient le reste du Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l'île Saint-Jean (île du Prince-Édouard).

Fondation de l'Acadie

1603- Pierre Du Gua, sieur de Monts est nommé lieutenant général «des côtes, terres et confins de l’Acadie, du Canada et autres lieux en Nouvelle-France» par le roi de France Henri IV. La société commerciale du sieur de Monts a le droit exclusif de la traite des fourrures en Nouvelle-France pour une période de dix ans. Cependant, elle doit s’engager à établir des colons en Nouvelle-France à raison de 60 par année et à christianiser les Amérindiens.

Pour être en mesure de financer cette expédition, le sieur de Monts décide de s’associer à des marchands de La Rochelle, Saint-Malo, Rouen et Saint-Jean-de-Luz pour former sa compagnie de traite.

Ile Sainte-Croix par Champlain 1604 - L’expédition de Pierre Du Gua de Monts quitte le port français de Havre-de-Grâce en mars 1604 en direction de l’Acadie. Avec les quelque 120 engagés de l’expédition, le Sieur Pierre De Gua de Monts, secondé par Champlain et Poutrincourt, s'installa en Acadie au printemps de 1604 avec environ 79-80 de ses 120 hommes. Ils s'établissent à l'île Sainte-Croix pour l'hiver 1604-1605. Le scorbut décima près de la moitié des hommes. L'été suivant (1605) on transporta la colonie à Port-Royal (aujourd'hui Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse, Canada)


1605- Suite au terrible hiver passé à l’Île Sainte-Croix, les survivants de la troupe du sieur de Monts traversent la baie Française et fondent un nouvel établissement qu’ils nomment Port-Royal, situé dans le sud-ouest de l’actuelle Nouvelle-Écosse. La nouvelle Habitation est différente de celle de l’Île Sainte-Croix. Elle est maintenant formée de plusieurs petits logis entourant une cour intérieure et elle est protégée par une palissade. L’hiver 1605-1606 est moins désastreux que le dernier, même s’il fait une dizaine de victimes.

Port Royal de Champlain1606- Au grand soulagement de la petite colonie, le printemps voit arriver le navire Jonas chargé de ravitaillement. Il est commandé par le sieur Jean de Biencourt de Poutrincourt qui avait officiellement reçu la concession de la seigneurie de Port-Royal plus tôt dans l’année. Il était accompagné par des hommes qui allaient marquer les débuts de l’histoire de l’Acadie de façon importante, soit Marc Lescarbot, Louis Hébert et le fils du commandant, Charles Biencourt.


- L’année 1606 fut plus clémente pour les pionniers français de Port-Royal. Marc Lescarbot y présenta la première pièce de théâtre en langue française du Nouveau Monde, le Théâtre de Neptune, et Samuel de Champlain créa l’ordre du Bon Temps pendant l’hiver 1606-1607.


1607- Au mois de mai, la petite colonie de Port-Royal apprend une bien mauvaise nouvelle avec l’arrivée d’un navire qui transporte une lettre du sieur de Monts. Cette lettre informe les colons que son monopole de la traite des fourrures est révoqué et que toute la troupe doit retourner en France. La garde de l’Habitation de Port-Royal est confiée aux Mi’kmaq et à leur chef presque centenaire, le sagamo Membertou, qui a manifesté beaucoup d’amitié à l’endroit des Français depuis leur installation à Port-Royal.

Image de l'abritation de Québec1608- Après avoir vécu l'expérience dimplantation d’habitations et de postes de traite à l’Île Sainte-Croix et à Port-Royal, Samuel de Champlain et ses hommes remontent le Saint-Laurent à la recherche de plus riches bassins de fourrures. Ils fondent Québec, appelée à devenir la capitale et le cœur de la Nouvelle France.


1610- Après trois ans d’interventions à la Cour en faveur du potentiel colonial de l’Acadie, Jean de Biencourt sieur de Poutrincourt réussit à convaincre un groupe d’investisseurs de financer une nouvelle expédition qui mettra les voiles en direction de sa seigneurie de Port-Royal en février. Parmi les compagnons du sieur de Poutrincourt, on retrouve son fils le sieur Charles de Biencourt, le sieur Claude de Saint-Étienne de la Tour et son fils Charles de Saint-Étienne de la Tour, ainsi que l’abbé Jessé Fléché qui baptisera la famille élargie du sagamo Membertou. Ces baptêmes qui seront remis en question un peu plus tard par des missionnaires jésuites.

- À leur arrivée à Port-Royal, l’Habitation est en très bon ordre. Membertou et ses Mi’kmaq ont tenu parole et conservé presque intacts les logis des Français.

1611- Grâce au financement et à l’intervention dynamique de la marquise de Guercheville, aristocrate bien en vue à la cour de France et protectrice des Jésuites, deux missionnaires de cette congrégation religieuse vont pouvoir s’embarquer pour l’Acadie, provoquant la colère des associés huguenots du sieur de Poutrincourt. En mai, les jésuites Pierre Biard et Énemond Massé arrivent à Port-Royal à bord du navire la Grâce-de-Dieu. Un conflit va bientôt éclater entre les missionnaires jésuites et les colonisateurs français, qui ne partagent pas du tout la même vision de leur présence en Acadie.

1613 - Attaque de Samuel Argall. Destruction totale de Port-Royal. Poutrincourt retourne en France. Son fils demeure avec les deux Latour (Claude et son fils Charles).

1621 - Sir William Alexander obtient une charte pour fonder la «Nova-Scotia» en Acadie française. Le roi d'Angleterre, Jacques 1er, concède le territoire occupé actuellement par les provinces Maritimes et la Gaspésie à l'Écossais sir William Alexander, qui rebaptise la région «New Scotland» et lui assigne des armoiries.

1628 - William Alexander vient s'établir à Port-Royal avec 70 colons d'Écosse.

1631 - La France récupère l'Acadie par le Traité de Saint-Germain-en-Laye.

- Pour protéger sa zone d'influence contre les Anglais qui en convoitent les fourrures, Charles de Saint-Étienne de La Tour ordonne la construction d'un poste de traite fortifié à l'embouchure de la rivière Saint-Jean en 1631.

Relance

1632 - Le Traité de Saint-Germain-en-Laye restitue la Nouvelle-France à la France. Créée cinq ans plus tôt, la Compagnie des Cent Associés a pour mission d'assurer une présence française en Amérique du Nord. Le roi accorde à la Compagnie, le monopole du commerce des fourrures pour une durée de quinze ans en échange de quoi, celle-ci s'engage à établir 4 000 colons, développer la colonie et convertir les Amérindiens.

- Louis XIII nomme Charles de La Tour gouverneur de l'Acadie. Richelieu décide d'établir une colonie solide. Il nomme gouverneur Isaac de Razilly, un chevalier de l'Ordre de Malte, qui vient relancer la colonie acadienne avec trois cents «hommes d'élite». Ils s'établirent à La Hève et non pas à Port-Royal. Isaac Razilly était venu avec Nicolas Denys qui établira des postes à l'île du Cap-Breton, Miscou et Nipisiguit (Bathurst) et des Pères Capucins qui établiront le premier séminaire (école) au Canada.

1635 - Décès de Razilly. Charles de Menou d'Aulnay lui succède en tant que gouverneur et transporte la colonie acadienne à Port-Royal. Il amène d'autres colons de France et leurs familles. Luttes intestines entre d'Aulnay et Latour.

- Le Saint-Jehan (bateau) amène les premières familles, ayant à son bord 12 femmes et 12 enfants. Dans le sillage des Martin, Trahan, Bourgeois, Blanchard, Poirier et Landry arriveront les Belliveau, Cormier, LeBlanc, Boudrot, Arsenault, Richard, et Robichaud pour un total de 60 familles environ qui constituent le noyau initial du peuple acadien.

1638- Les conflits opposant les sieurs de La Tour et d’Aulnay s’amplifient davantage lorsque le roi de France, Louis XIII, octroie à chacun d’eux des seigneuries dont les limites se chevauchent. Selon les ordres du roi, d’Aulnay obtiendrait toute la côte Atlantique de la Virginie à la baie de Fundy et La Tour toute la région des Maritimes actuelles sauf la seigneurie de Port-Royal.

1639 - LaTour attaque les navires de d'Aulnay et tente de s'emparer de Port-Royal.

1645 - Pendant l'absence de LaTour, d'Aulnay s'empare de son fort à Saint-Jean.

1650- La mort accidentelle du sieur d’Aulnay, qui se noie lors d’une randonnée en canot, laisse vacant le poste qu’il occupe dans le gouvernement de l’Acadie. Le sieur de Saint-Étienne de La Tour profite du décès de son rival pour effectuer un retour en Acadie et tenter par tout moyen d’accéder définitivement au titre de gouverneur. Il y parvient, mais il doit transiger avec un marchand banquier de la Rochelle, le plus important créancier du sieur d’Aulnay, Emmanuel Le Borgne qui réclame le remboursement des sommes prêtées à ce dernier.


1653- Afin de parer aux prétentions d’Emmanuel Le Borgne et d’unir les deux familles rivales, le sieur Charles de Saint-Étienne de La Tour épouse la veuve du sieur d’Aulnay, Jeanne Motin de Reux. Emmanuel Le Borgne s’empare des établissements érigés par Nicolas Denys. Tous ces conflits internes fragilisent la présence française dans la jeune colonie acadienne.

1654 - Robert Sedgawick, commandant en chef de la flotte de la Nouvelle-Angleterre, décide d'attaquer les établissements français en Acadie en guise de représailles pour les activités des corsaires français contre les navires anglais. À la tête de quatre vaisseaux, il s'empare des postes français de Pentagouët, Saint-Jean et Port-Royal, faisant ainsi passer l'Acadie aux mains des Anglais. Cette conquête plonge l'Acadie dans une période de stagnation.

1667 - Avec la signature du traité de Bréda, l’Angleterre restitue l’Acadie à la France. Cependant, Sir Thomas Temple, ancien administrateur de la Nouvelle-Écosse, tente de résister à ce changement de régime et veut freiner l’instauration d’un nouveau pouvoir français en Acadie. Temple se résigne finalement à abandonner le territoire qu’il considère sien. Les prétentions anglaises sur l’Acadie/Nouvelle-Écosse ne sont cependant pas complètement oubliées.


- Les Acadiens se multiplient et continuent de s'étendre de Port-Royal à Beaubassin 1672, aux Mines (Grand-Pré) 1680, Cobéquid (Truro) et Pisiguid (Windsor) 1686 et Chipoudy 1698.

1670- Le nouveau gouverneur de l’Acadie, le chevalier Hector d’Andigné de Grandfontaine, est chargé du premier recensement effectué en Acadie. Les résultats de ce recensement dévoilent qu’une soixantaine de familles, soit environ 300 habitants, vivent en Acadie. Ces habitants, très majoritairement, cultivent le sol en utilisant une méthode d’irrigation ingénieuse appelée aboiteaux. L’établissement principal demeure Port-Royal, même si quelques familles habitent dans la région du Cap-Sable et près du fort de Pentagouet.

1674- Un corsaire hollandais, Julian Aernoutsz, au service de l’Angleterre, s’empare du fort de Pentagouet.

1676 - L'abbé Petit, le premier prêtre à établir un ministère permanent en Acadie, fonde la première école acadienne à Port-Royal.

1682- Le nouvel établissement des Mines, connu aussi sous le nom de Grand-Pré, se développe sous le leadership des pionniers Pierre Melanson et Pierre Thériot.

- Création de la Compagnie de la pêche sédentaire en Acadie, entreprise commerciale française qui souhaite profiter des riches bancs poissonneux au large de l’Acadie. Ses opérations et les pouvoirs juridico-politiques, accordés par le roi, la font entrer en confrontation directe avec les pêcheurs de la Nouvelle-Angleterre, certains pêcheurs acadiens et l’administration coloniale de Port-Royal.

1683 - Port-Royal compte environ 800 habitants.

1684- Les pressions exercées par la Compagnie de la pêche sédentaire en Acadie réussissent à faire rappeler le gouverneur de l’Acadie, le sieur Michel Leneuf de La Vallière. Il est remplacé par François-Marie Perrot, ancien gouverneur de Montréal et protégé de l’intendant de la Nouvelle-France, Jean Talon. Pas plus que le sieur de La Vallière, Perrot ne pourra freiner la présence des pêcheurs de la Nouvelle-Angleterre dans les eaux acadiennes et s’attirera également les foudres de ses supérieurs métropolitains.

1690- L’Acadie devient une fois de plus victime des hostilités qui sévissent entre la France et l’Angleterre. Sir William Phips dirige une expédition anglaise de quatre cents hommes qui attaque et pille Port-Royal au nom du Massachusetts. Les Acadiens de Port-Royal sont forcés de prêter serment d’allégeance à l’Angleterre. Phips ne laisse pas de garnison anglaise à Port-Royal, mais l’Acadie passe pendant quelques années sous l’influence grandissante du Massachusetts.

1695- Une nouvelle expédition anglaise contre Port-Royal oblige les chefs de familles de l’endroit à prêter de nouveau serment d’allégeance à la couronne d’Angleterre.

1697- Grâce à la signature du Traité de Ryswick, l'Acadie et la baie d'Hudson sont restituées à la France par l’Angleterre.

1698 - Établissement de colonies acadiennes le long de la rivière Petitcodiac, sur l'emplacement de la ville de Moncton, dans le Nouveau-Brunswick actuel.

1710 - L'armée de 3400 hommes organisés par le lieutenant-gouverneur du Maryland, Francis Nicholson, et Samuel Vecht défait la force de 300 hommes du gouverneur de l'Acadie, Subercase. Port-Royal est rebaptisée Annapolis Royal en l'honneur de la reine Anne d'Angleterre. Vecht en devient le gouverneur.

L'Acadie définitivement cédée à L'Angleterre

1713 - Après plusieurs attaques et la conquête de l'Acadie en 1710, le Traité d'Utrecht (1713) cédait définitivement l'Acadie à l'Angleterre. Le Cap-Breton et l'île Saint-Jean restaient à la France. En grande majorité, les Acadiens demeurèrent sur leurs terres et passèrent sous le régime anglais. Immédiatement après 1713, la France entreprit la construction de la forteresse de Louisbourg.


1717- Louisbourg est choisi comme siège du gouvernement et place forte de l'île Royale. Ripostant au Traité d’Utrecht, la France adopte le projet de construire une forteresse à Louisbourg, entreprise dirigée par l’ingénieur français Jean-François de Verville. Ce plan prévoit l’édification d’une série de bastions devant se protéger mutuellement et reliés entre eux par des fortifications.

- Recevant la première de ses trois commissions de gouverneur de la Nouvelle-Écosse, le Britannique Richard Philipps, a comme mission officielle d’exiger des Acadiens qu’ils signent le serment d’allégeance inconditionnelle à la couronne britannique. Toutefois, la majorité des Acadiens résiste et refuse de signer.

1718 - Les Français fondent La Nouvelle-Orléans en Louisianne.

1719 - Pour contrer l'enserrement de ses colonies nord-américaines, la France entreprend la construction de la forteresse de Louisbourg sur l'Île Royale (aujourd'hui Cap-Breton).

1722 - Début de quatre années de guerres amérindiennes en Acadie.

1727- Poursuivant le but ultime d’assermenter des Acadiens, le lieutenant-gouverneur Lawrence Armstrong demande à Robert Wroth de se charger des Acadiens de la baie de Fundy et de leur garantir, en échange du serment d’allégeance inconditionnelle à la couronne britannique, le droit à la religion et à la propriété. Malgré ces propositions, les Acadiens refusent catégoriquement de prêter le serment dans sa forme originale. Wroth accepte alors d’y apporter quelques modifications : la neutralité est admise, certifiant qu’ils n’auront pas à prendre les armes contre la France lors d’un éventuel conflit. Toutefois, le Conseil de la colonie reproche durement à Wroth ces concessions et exige qu’il annule le serment de neutralité.

1729 - Le gouverneur Philipps revient en Acadie pour recueillir des serments d'allégeance au roi d'Angleterre dans toutes les colonies acadiennes. Il promet aux Acadiens que leur neutralité sera respectée en cas de conflit.

1731 - Le gouverneur Philipps interdit tout commerce entre l'Acadie et Louisbourg.

- Philipps est remplacé par Lawrence Armstrong à titre de gouverneur de la Nouvelle-Écosse.

1737 - Un recensement dénombre 7598 personnes dans les régions acadiennes sous contrôle britannique.

1738 - L'abbé Jean-Louis LeLoutre arrive de France dans la région du fort Beauséjour. Chargé d’évangéliser les Mi’kmaqs, il devient rapidement influent et utilise ce pouvoir pour soutenir la France dans ses tentatives de reconquête des territoires perdus aux mains des Anglais.

1740 - Des forces de la Nouvelle-Angleterre attaquent et s'emparent de la forteresse de Louisbourg, dans l'Île Royale.

 




Sources

Source: CDROM L'Acadie , Le maître Guillaume
Source: Extrait de L'Acadie-Nouvelle, par Père Anselme Chiasson
Peinture 1: Le paradis terrestre 1635-1755, Peinture de Claude Picard, Série: Déportation des Acadiens, Lieu historique national de Grand-Pré (N.-É.)
Peinture 2: Déprotation des Acadiens 1755, Peinture d'Edna Hébert.


Dernière mise à jour : ( 09-08-2010 )