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L'histoire acadienne, au bout des doigts

Historique des conventions nationales Version imprimable

 

«Une convention nationale, c'est le peuple qui se réunit par ses délégués pour délibérer sur les questions et les choses qui intéressent la nation, pour étudier sa situation, pour aviser aux moyens de l'améliorer en écartant les obstacles qui peuvent entraver son avancement dans la voie du progrès matériel, social et politique.» ( Pierre-Amand Landry )


Les premières Conventions nationales acadiennes ont eu lieu au début des années 1880, en plein coeur de la période que les historiens appellent la «renaissance acadienne». Ces conventions sont une indication du réveil acadien qui se manifeste surtout à compter des années 1860. En effet, cette décennie marque la fin d'un siècle d'isolement pendant lequel les Acadiens avaient tranquillement repris racine en Acadie après en avoir été chassés au moment du «grand dérangement». Désormais, ils sortaient de leur état d'infériorité dans tous les domaines; ils cherchaient à prendre leur place au soleil, se considérant comme les égaux des anglophones qui les entouraient.

La prise de conscience collective acadienne de la seconde moitié du 19e siècle doit beaucoup à l'avènement de l'enseignement supérieur en Acadie. L'ouverture du Collège Saint-Joseph de Memramcook (Nouveau-Brunswick) en 1864 a grandement contribué à la formation d'une élite nationaliste acadienne. La fondation du Moniteur Acadien en 1867, premier journal de langue française dans les Provinces Maritimes, est un autre élément important qui a favorisé ce réveil. Pour la première fois, les Acadiens pouvaient se rencontrer par le biais d'un journal et échanger des idées.


Les «chefs de file» Acadiens, de plus en plus sensibilisés à la situation déplorable des leurs, organisent la première Convention nationale acadienne en 1881. Ils sont influencés dans leur démarche pas des intervenants provenant de l'extérieur, notamment de la France et du Québec. Dans sa publication La France aux colonies. Acadiens et Canadiens, publié en 1859 à Paris, l'historien français Edmé Rameau de Saint-Père, qu'on a appelé le «grand ami des Acadiens» trace tout un programme de ce que les Acadiens auraient besoin pour s'affirmer comme peuple. Il entretient aussi une abondante correspondance avec plusieurs hommes influents qui oeuvrent auprès des Acadiens. Il leur transmet sa conception des démarches à suivre pour assurer la survivance et le développement de leur peuple. Les idées lancées par cet historien français sont bien reçues par le jeune leadership acadien qui s'efforce de les appliquer. Enfin, c'est à Québec que les chefs de file acadiens reçoivent une importante impulsion qui les motive à organiser la première Convention nationale.


En 1880, La Société Saint-Jean-Baptiste de la ville de Québec organise, lors de la Saint-Jean-Baptiste (Patron des canadiens-français), une grande manifestation à laquelle elle invite tous les francophones de l'Amérique du Nord à venir discuter de la vie française sur leur continent, ainsi qu'à fêter et affirmer leur culture. Dans son manifeste elle lance un vibrant appel aux Acadiens :

... Vous viendrez aussi, Acadiens courageux et fidèles, race indomptable que ni la guerre, ni la proscription n'ont pu courber ni détruire, rameau plein de sève, violemment arraché d'un grand arbre, mais qui renaît et reparaît au soleil de liberté...


Carte des conventions national Plus de cent Acadiens répondent à cet appel et se rendent à Québec. C'est là qu'ils décident, en tant que membres de la «Commission des Acadiens», de convoquer une convention nationale à Memramcook, en 1881, «pour s'occuper des intérêts généraux des Acadiens».

 

 

Voici une brève description des Conventions nationales acadiennes (1881-1972)

 

1re - 1881 - Memramcook

Tenue à Memramcook (Nouveau-Brunswick), les 20 et 21 juillet 1881, la première convention nationale regroupe plus de 5000 Acadiens. De nombreux discours surent éveiller l'esprit patriotique des participants. Après maintes discussions, il fut décidé de choisir une fête nationale distincte des Québecois. On opta pour le 15 août, fête de l'Assomption de la vierge Marie. Les grandes questions suivantes sont débattues: l'éducation, l'agriculture, le problème de l'émigration, la colonisation et la presse. Ces mêmes questions sont reprises dans les Conventions ultérieures. On forma des comités permanents, dont un qui deviendra plus tard (en 1890) officiellement connu sous le nom de Société National l’Assomption (Aujourd'hui, la Société National de l'Acadie).

2e - 1884 - Miscouche

Une deuxième rencontre eut lieu le 15 août 1884 à Miscouche à l'île-du-Prince-Édouard. Encore une fois les paroisses envoyèrent de nombreux délégués le clergé acadien fut présent en grand nombre. Outre les diverses commissions traitant d'agriculture, de colonisation, de commerce, d'industrie et d'éducation, les Acadiens voulurent se choisir des symboles nationaux tels un drapeau , un air national, un insigne et une devise. On choisit de conserver le tricolore, emblème de la France, comme drapeau et d'y ajouter une étoile dorée comme marque distinctive pour le peuple acadien. Le choix de l'hymne national se fit spontanément. À la levée du drapeau, les participants entonnèrent l'Ave Maris Stella. Une proposition fut faite pour que ce chant, connu de tous et représentant l'attachement des Acadiens à Marie, devienne l'hymne du peuple acadien. On choisit «L'Union fait la force» comme devise.

3e - 1890 - Pointe-de-l'Église

La question prédominante a trait à la langue d'enseignement dans le nouveau collège Sainte-Anne et dans les écoles et les couvents acadiens de la Nouvelle-Écosse. On demande que le français soit la langue d'enseignement, mais que l'anglais soit enseigné concurremment. On choisit officiellement le nom de Société Nationale l’Assomption pour nommer le comité d’organisation des deux premières et futures conventions nationales.

4e - 1900 - Arichat

L'acadianisation de l'Église, en particulier la nomination d'un évêque acadien, retient grandement l'attention des délégués de la quatrième Convention nationale. On s'entend aussi pour que tous les journaux acadiens se donnent la main afin de défendre et réclamer justice lorsqu'il s'agira de protéger les intérêts du peuple acadien. Le premier ministre canadien Wilfrid Laurier est présent.

5e - 1905 - Caraquet

«L'Union fait la force»
Convention national de Caraquet 1905La nomination d'un évêque acadien est encore chaudement délibérée. On demande au gouvernement de venir en aide aux cultivateurs acadiens. On encourage aussi les Acadiens à s'intéresser davantage au commerce et à l'industrie. L'adoption de manuels français pour les écoles acadiennes est une autre importante recommandation du Congrès. On demande aussi que le français soit enseigné dans les écoles normales des Provinces Maritimes.

6e - 1908 - Saint-Basile

«L'Union fait la force»
Les congressistes décident de faire parvenir une supplique à Rome priant le Pape d'accorder aux Acadiens un évêque de leur nationalité. On recommande que les journaux acadiens publient chaque semaine un article de fond et qu'ils reproduisent moins d'articles de journaux étrangers. On demande aux écrivains acadiens de collaborer avec les journaux.

7e - 1913 - Tignish

«Congrès d'Action de grâce»
Le Congrès de Tignish (île du-Prince-Édouard) prend l'allure d'une fête d'Action de grâce suite à la nomination d'un évêque acadien l'année précédente. On met sur pied le Comité de rapatriement, de colonisation et d'agriculture dont le but est de tenter de ramener des États-Unis, les Acadiens exilés et de les aider à se rétablir en terre acadienne.

8e - 1921 - Pointe-de-l'Église et Grand-Pré

«Le Congrès du Souvenir»
Les assises à Pointe-de-l'Église (Nouvelle-Écosse) sont suivies d'un pèlerinage à Grand-Pré où la Société Nationale l'Assomption avait récemment fait l'acquisition d'un terrain. Une campagne de souscription est lancée pour la construction d'une chapelle commémorative sur ce site. On demande que les erreurs contenues dans les textes d'histoire du Canada, relativement à l'histoire acadienne, soient corrigées. On recommande avec instance aux Acadiens de s'abonner à leurs journaux.

9e - 1927 - Moncton

La Convention trace un grand programme d'action pour le peuple acadien. Elle propose que les Commissions d'études se réunissent dorénavant une fois par année. Des recommandations sont proposées afin d'augmenter la représentativité des Acadiens au gouvernement provincial du Nouveau-Brunswick. On encourage les Acadiens à s'organiser coopérativement pour l'achat et la vente des produits de la ferme, la forêt, la pêche et l'industrie. On exprime le voeu que les Acadiens ne manquent jamais de se servir de la langue française dans leurs correspondances avec les divers ministères fédéraux et provinciaux et qu'ils s'adressent en français dans les magasins et chez toute compagnie d'utilité publique.

10e - 1937 - Memramcook

«Le Congrès de la Reconnaissance»
Les deux principales questions discutées traitent des droits scolaires et de la colonisation. On cherche aussi à encourager l'agriculture, l'enseignement des arts ménagers, l'établissement d'écoles d'agriculture, la célébration de la fête nationale, ainsi que la publication et la diffusion de l'histoire acadienne. On adopte diverses recommandations en ce qui a trait à l'amélioration de l'industrie de la pêche et aux problèmes que rencontre la presse acadienne.

11e - 1955 - Les Fêtes de 1955

En 1955, après une vingtaine d'années d'inactivité, la Société Nationale l'Assomption confie à un comité spécial l'organisation de grandes manifestations pour souligner le bicentenaire de la Dispersion (Déportation). Les Fêtes de 1955 prennent une envergure considérable et se déroulent dans de nombreux centres acadiens. Tout en n'ayant pas précisément le caractère d'un congrès, elles sont cependant considérées comme le onzième grand ralliement des Acadiens.

12e - 1957 - Memramcook

Le but principal du Congrès est de déterminer l'avenir de la Société Nationale l'Assomption. On lui donne alors une nouvelle constitution. Parmi les nombreuses modifications, les trois plus importantes sont les suivantes : établissement d'un secrétariat permanent, création d'un Conseil d'administration et changement du nom de l'organisme en «La Société Nationale des Acadiens».

13e - 1960 - Pointe-de-l'Église

«Les Acadiens en 1960»
On précise les besoins des Acadiens et on examine les perspectives d'avenir. Les séances d'études se font au sein de quatre commissions : la première, on soumet la Société Nationale à un examen critique afin d'évaluer son efficacité depuis la réorganisation, la seconde s'applique à définir ce que devrait être le patriotisme des Acadiens, la troisième s'applique à définir les conditions d'avancement économique et la dernière traite des conditions d'avancement culturel.

14e - 1965 - Caraquet

«Notre force vive face à l'avenir»
L'accent est mis sur le développement des forces vives des Acadiens, en particulier le dynamisme de la jeunesse. On s'attarde moins sur l'analyse des lacunes et des points faibles. La préoccupation dominante du congrès est de faire un effort de projection vers l'avenir. On tente de faire une étude positive des problèmes d'actualité et des besoins de la population.

15e - 1972 - Fredericton

«Congrès des francophones du Nouveau-Brunswick»
Plus de mille Acadiens du Nouveau-Brunswick assistent au Congrès. On vote au total 264 résolutions en ce qui a trait aux thèmes suivants: politique, bilinguisme, médias d'information, Union des Provinces Maritimes, fonction publique, éducation, économie et culture. La Société Nationale des Acadiens, qui depuis un certain temps agissait avant tout comme l'organisme des Acadiens du Nouveau-Brunswick, redevient le porte-parole des intérêts généraux des Acadiens des Maritimes.

 





Source:
La Petite Souvenance, «Un peuple à unir», numéro spécial pour le Centenaire du drapeau acadien 1884-1984. 1984, La Société historique acadienne de l'Île-du-Prince-Édouard. (Et d'autres sources)
Image des lieux des conventions nationales : La Petite Souvenance, «Un peuple à unir»
Photo de la convention de 1905, Caraquet: La Petite Souvenance, «Un peuple à unir»


Dernière mise à jour : ( 20-08-2008 )
 
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