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L'histoire acadienne, au bout des doigts

Historique de Pubnico (Poboncou) Version imprimable

Claude de laTour et son fils Charles reçoivent ces terres au milieu des années 1630. La particularité de cette transaction unique en Acadie repose sur le fait que Claude de laTour reçoit un titre anglais avec la terre. Huguenot lui-même, de laTour se mérite les faveurs de Sir William Alexander qui, en 1621, a reçu la concession de la Nouvelle-Écosse. de la Tour est fait chevalier et sa concession devient une baronnie.

En 1653, Charles de laTour donne la terre de la région de Pubnico à Philippe Mius d'Entremont, de La Rochelle en France. Après y avoir vécu durant quelque temps, Philippe Mius d'Entremont y est rejoint par ses enfants et ses petits-enfants, qui seront à leur tour rejoints par d'autres familles acadiennes.

La région est très différente des autres secteurs de la province que les Acadiens choisissent habituellement pour s'établir. En général, les Acadiens choisissent les terres les plus fertiles de la province pour y établir leurs communautés. La région de Cap-Sable (comtés de Shelburne et de Yarmouth) n'est pas particulièrement fertile comparée à Beaubassin (Amherst), à Cobequid (Truro), à Piziquit (Windsor), à Grand-Pré, ou à Port-Royal. En raison des terres moins fertiles, l'économie des communautés de cette région repose sur la pêche et le bois, alors que les autres secteurs acadiens ont une économie qui repose sur l'agriculture. On peut encore observer la même chose à propos des communautés modernes de ces régions.

Dans cette région, la déportation est survenue plus tard et n'a pas fait l'objet d'efforts concertés comme dans les autres centres acadiens de la Nouvelle-Écosse. Il semble que Lawrence ne considérait pas cette région importante ou qu'il n’était pas au courant du nombre considérable d'Acadiens qui y vivaient. L'expulsion ne s'est pas produite en 1755 mais lors d'une série d'opérations en 1756, 1758 et 1759.

En 1756, Lawrence organise la première déportation dans la région du Cap-Sable. Un contingent de soldats d'Halifax a été dépêché de la Nouvelle-Angleterre pour prêter main forte. Ces soldats arrivent au terme de leur contrat et sont prêts à rentrer à la maison. Lawrence s'organise pour que le groupe, sous le commandement du major Prebble, s'arrête à Cap-Sable au retour de Boston pour y appréhender la population acadienne, confisquer ses biens et détruire ses maisons.

Le 21 avril, ils arrivent à Port laTour. Cent soixante-sept soldats débarquent et surprennent les Acadiens pendant leur sommeil. Ils brûlent quarante-quatre édifices et capturent soixante-douze prisonniers, qu'on amène à Boston. Le gouverneur du Massachusetts de l'époque, William Shirley, a déjà accepté beaucoup d'exilés acadiens et refuse dans un premier temps de les laisser rester. On devra donc les envoyer en Caroline du Nord. À la suite d'un retard au départ de Boston et des protestations des Acadiens qui souhaitent demeurer au Massachusetts, Shirley leur permet de rester.

Après la déportation des Acadiens de la région du Cap-Sable (comté de Shelburne) en 1756, Lawrence apprend qu'il y a d'autres Acadiens dans ce qui est aujourd'hui le comté de Yarmouth, d'où l'attaque de 1758, sous le commandement du major Roger Morris et du capitaine Gorham. Trois cent vingt-cinq soldats quittent Halifax en direction du Cap-Sable le 11 septembre, ainsi que 4 navires dont 2 vaisseaux de guerre britanniques.

Ils arrivent à l'embouchure de la rivière Argyle le 15 septembre et passent un mois et demi à chercher des Acadiens et à détruire les établissements. Ils trouvent des installations de la rivière Argyle à Chegogin et capturent 69 Acadiens au total. Après avoir confisqué tous leurs biens et après avoir brûlé leurs maisons et leurs édifices, les soldats quittent le port de Yarmouth en direction d'Halifax le jeudi 31 octobre 1758. Ces Acadiens seront éventuellement envoyés en France.

Les deux premières expéditions visant la déportation acadienne ont amené les Acadiens de la région du Cap-Sable à se terrer dans les bois. Ils tentent de négocier leur reddition avec le gouvernement du Massachusetts, sachant que beaucoup d'autres Acadiens s'y trouvent déjà et que ça vaut mieux qu'une déportation en France où ailleurs, au gré de Lawrence. Malheureusement, leur correspondance avec le Massachusetts n'est pas couronnée de succès et ils se rendent éventuellement à Lawrence, à Halifax. Le 29 juin 1759, ces cent cinquante-deux Acadiens sont capturés et transportés à Halifax, d'où ils seront déportés en France.

Le 10 février 1763 allait marquer une date importante pour les relations entre la France et l'Angleterre. C'était le début d'une période de stabilité pour les intérêts des colonies que se partageaient les 2 pays. Le Traité de Paris, signé ce jour-là, comprend le passage suivant au sujet de l'Acadie :

« Sa Majesté Très Chretienne renonce à toutes les Pretensions, qu'Elle a formées autrefois, ou pû former, à la Nouvelle Ecosse, ou l'Acadie, en toutes ses Parties, & la garantit toute entiere, & avec toutes ses Dependances, au Roy de la Grande Bretagne… De son Coté Sa Majesté Britannique convient d'accorder aux Habitans du Canada la Liberté de la Religion Catholique… »

Le traité signifiait que les habitants des terres de l'Acadie n'étaient plus en conflit désormais avec les Anglais, étant devenus sujets de la couronne britannique. C'est pour cette raison que les Acadiens ont commencé à rentrer en Nouvelle-Écosse. Beaucoup de ceux qui avaient été déportés de la région du Cap-Sable sont revenus du Massachusetts vers 1766, portant des noms comme Amirault, Belliveau, d'Entremont et Miuse.



Source
Entremont, Clarence J. d'. Histoire du Cap-Sable de l'an mil au Traité de Paris, 1763, Hébert Publications, Eunice, Louisiane, 1981.
texte: http://epe.lac-bac.gc.ca/100/205/301/ic/cdc/neo-ecossaise/fr/historique/pub.htm

Dernière mise à jour : ( 10-08-2008 )
 
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