CyberAcadie

L'histoire acadienne, au bout des doigts

Un peuple dans un pays sans frontière Version imprimable

 

Si les atlas historiques de l'Amérique du Nord coloniale du 17e et du 18e siècle abondent de cartes où apparait l'Acadie, les atlas contemporains sont muets lorsque vient le moment de situer le pays acadien. En effet, le territoire acadien n'est pas reconnu officiellement comme tel, c'est-à-dire qu'il ne constitue pas la base d'un état, d'une province ou d'une région administrative. Si le Québec est devenu l'une des dix provinces de la fédération canadienne, l'Acadie n'a jamais connu un tel itinéraire.

La question des limites territoriales de l'Acadie est toujours demeurée un sujet complexe. Depuis son établissement comme colonie française au 17e siècle, l'Acadie n'a pas de frontières fixes, le territoire étant revendiqué à tour de rôle par la France et I'Angleterre. Dès le premier tiers du 17e Image acadie historiquesiècle, des entrepreneurs écossais installent des colons en Acadie et rebaptisent le territoire New Scotland ou Nova Scotia, nom qui désigne la province actuelle de la Nouvelle-Écosse. Au 18e siècle, la question des frontières acadiennes devient plus ambiguë, car le Traité d'Utrecht de 1713 qui cède l'Acadie Française à l'Angleterre est très imprécis au sujet de ses limites territoriales. L'Acadie historique française qui, dans sa définition la plus généreuse, comprend le territoire situé entre le Maine et la Gaspésie, cesse définitivement d'exister avec le Grand Dérangement de 1755. L'exil forcé de milliers d'Acadiens transforme radicalement la géographie de l'Acadie. Suite au Traité de Paris de 1763 qui cède définitivement le territoire à l'Empire britannique, une nouvelle Acadie prend forme avec l'établissement de nouveaux villages acadiens. Aujourd'hui, on réfère communément au Nouveau-Brunswick, à la Nouvelle-Écosse et à l'Ile-du-Prince-Édouard, connues sous le nom de provinces Maritimes, pour désigner le foyer de l'Acadie contemporaine. Il existe aussi une petite communauté acadienne à Terre-Neuve dont les efforts de reconnaissance ont donné lieu à l'expression l'Acadie de l'Atlantique qui circule depuis peu.

Image acadie généalogique Différentes perceptions de l'espace acadien coexistent cependant. Une de ces perceptions, posée par le géographe acadien Adrien Bérubé suppose l'existence d'une Acadie généalogique, constituée des régions qui ont accueilli les familles acadiennes au moment de la Déportation. Cette Acadie généalogique, que certains appellent l'Acadie de la diaspora, est composée de plusieurs régions du Québec, de la Nouvelle-Angleterre, de la Louisiane et du centre-ouest de la France. Bérubé note toutefois que les régions des provinces Maritimes où vivent la majorité des Acadiens sont les seuls qui constituent ce qu'il appelle une Acadie opérationnelle.

On retrouve des quantités non négligeables d'Acadiens aux Îles-de-la-Madeleine, en Gaspésie, sur la côte nord du Québec, dans la région de Montréal et Trois-Rivières, ainsi que dans le nord de l'État américain du Maine. Toutefois, l'aire géographique de l'Acadie contemporaine correspond essentiellement aux régions acadiennes des provinces de l'Atlantique. Le Nouveau-Brunswick possède la plus forte concentration d'Acadiens. Selon le recensement fédéral canadien de 1996, le Nouveau-Brunswick comptait 239 730 individus de langue maternelle française sur une population totale de 738 133. image des régions acadienneLe tiers de la population de cette province, soit 32,5%, est donc francophone. Bien que ces francophones ne soient pas tous nécessairement des Acadiens, la très grande majorité s'identifie comme Acadienne ou est d'ascendance acadienne. Cette population acadienne se retrouve principalement dans quatre régions: le nord, le nord-ouest, le nord-est et le sud-est. Il s'agit surtout des comtés de Madawaska, Restigouche, Gloucester (Acadie-Bathurst), Kent et Westmorland. On retrouve également un nombre appréciable d'Acadiens dans le comté de Northumberland, dans la région de Grand-Sault dans le comté de Victoria, ainsi que dans les villes de Fredericton, Miramichi et Saint-Jean. Les plus fortes concentrations d'Acadiens sont situées dans les comtés de Madawaska, Gloucester et Kent où la population francophone dépasse le seuil du 80% de la population totale de ces comtés.

Après le Nouveau-Brunswick, c'est la Nouvelle-Écosse, la plus peuplée des provinces de l'Atlantique, qui regroupe le plus grand nombre d'Acadiens par rapport à la population totale de la province. En 1996, 3.8% (35 040) de la population totale (909 282) se sont identifiés comme étant de langue maternelle française. Cette population acadienne se retrouve surtout dans la région de Chéticamp et dans les petits villages de l'île Madame au Cap-Breton, ainsi que dans les comtés de Yarmouth et Digby dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. C'est d'ailleurs dans ces deux derniers comtés que l'on trouve le plus fort pourcentage d'Acadiens en Nouvelle-Écosse. Ils sont surtout établis le long de la côte à partir de la baie Sainte-Marie jusqu'au village de Pubnico. Pour sa part, la métropole des Maritimes et la capitale de la Nouvelle-Écosse, Halifax, compte 113 910 habitants, dont seulement 2.5% sont de langue maternelle française (2 895).

La plus petite des dix provinces canadiennes, l'Île-du-Prince-Édouard, possède une population acadienne qui représente 4.1% (5 555) de sa population totale (134 557). C'est dans l'est de l'Île, dans le comté de Prince, que l'on trouve la plus grande part de la population acadienne (73%). Au nombre de 575, les Acadiens sont peu présents dans la capitale de l'Île, Charlottetown, représentant seulement 1.8% de la population de cet espace urbain. En terme de superficie, Terre-Neuve est la plus grande des provinces de l'Atlantique, mais sa population francophone est la plus petite, se chiffrant à 2 275, soit 0.4% de sa population totale. Située sur la côte est de Terre-Neuve, la péninsule de Port-au-Port (et notamment ses communautés de l'Anse-à-Canards, Cap Saint-Georges et La Grand'Terre) est le foyer de la francophonie terre-neuvienne. La capitale de Terre-Neuve et du Labrador, St John's, qu'on appelle aussi Saint-Jean de Terre-Neuve, possède une petite communauté francophone de 430 personnes.

 

 


Source:
L'Acadie de l'Atlantique, SNA*CEA*CIDEF-AFI, ISBN 0-919691-87-0, 146 pages.


Dernière mise à jour : ( 02-08-2008 )
 
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