CyberAcadie

L'histoire acadienne, au bout des doigts

Jean-Baptiste Robichaux Version imprimable

ROBICHAUX (Robichaud, Robicheau), JEAN-BAPTISTE, pêcheur, né vers 1751 au village des Cadet (Great Village, Nouvelle-Écosse), fils de Joseph Robichaux, dit Cadet, et de Claire Le Blanc ; décédé le 4 mars 1808 au Grand Chipagan (Shippagan, Nouveau-Brunswick).

Le père de Jean-Baptiste Robichaux était originaire de Port-Royal (Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse), mais il s’établit dans la région de Cobequid (près de Truro), au village des Cadet, après son mariage en 1726. Onze enfants y naquirent ; Jean-Baptiste fut le dixième. Les Robichaux demeurèrent en Nouvelle-Écosse en dépit du fait qu’au début des années 1750 bon nombre de leurs voisins répondirent aux pressions du gouvernement français et de ses agents qui cherchaient à persuader les Acadiens vivant sous le régime britannique d’aller s’installer en territoire français [V. Jean-Louis Le Loutre*]. Peut-être que la grande distance qui les séparait d’Annapolis Royal et la présence de troupes françaises à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), et au fort Beauséjour (près de Sackville, Nouveau-Brunswick) leur donnèrent un sentiment de sécurité sur leur terre. Finalement, ils durent malgré tout prendre le long chemin de l’exil. Vers 1755 – soit avant ou après la déportation des Acadiens –, Joseph Robichaux emmena sa famille par le « chemin des émigrants » jusqu’à Tatamagouche, d’où ils se rendirent par bateau à la pointe Prime (Point Prim) dans l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard). À cet endroit, plusieurs Acadiens de Cobequid de même que leur ancien curé, Jacques Girard, s’étaient installés.

La capitulation de Louisbourg aux mains des forces britanniques sous le commandement d’Amherst et d’Edward Boscawen, en juillet 1758, amena la capitulation de l’île Saint-Jean. En dépit des réclamations de Pierre Cassiet et de Jean Biscaret, deux des missionnaires auprès des Acadiens de l’île, il fut décidé que lord Rollo donnerait suite au projet de déporter les habitants. On achemina la famille Robichaux vers la France ; elle arriva à Saint-Servan, en Bretagne, au début de l’hiver, après une traversée qui s’avéra fatale pour le père. Établis aux abords de Saint-Servan dans le petit village de Pleudihen, les Robichaux obtinrent, comme d’autres familles acadiennes, l’appui du gouvernement français pendant quelques années. Mais ils s’adaptèrent difficilement à leur nouvelle condition et rêvèrent de retourner au pays.

Le 4 février 1773, Jean-Baptiste Robichaux épousa à Saint-Servan une compagne d’exil, Félicité Cyr (Sire) ; 15 enfants naquirent de cette union. À cette époque, les marchands jersiais de la firme Robin, Pipon et Cie désiraient embaucher les familles acadiennes de la côte française afin de fournir une main-d’œuvre stable à leurs établissements en Gaspésie et dans l’île du Cap-Breton, puisque les jeunes Jersiais ne semblaient pas vouloir s’y établir en permanence. Au début du printemps de 1774, Robichaux et ses frères se rendirent à Jersey et, le 26 avril, le contingent acadien quittait Saint-Hélier sur deux navires, le Hope et le Bee, à destination de l’établissement de Charles Robin à Paspébiac, en Gaspésie, où ils arrivèrent le mois suivant. Robichaux et son épouse s’établirent à Bonaventure avec leur aîné, Jean-Baptiste, né à Saint-Servan le 16 novembre 1773. À l’étroit sur son lopin de terre de dix arpents où il vivait dans la dépendance complète de la compagnie – Robin ayant encouragé les Acadiens à concentrer leur activité sur la pêche plutôt que sur l’agriculture – et incapable de s’assurer la possession même de cette petite propriété, Robichaux songeait à rejoindre les familles acadiennes établies au sud de la baie des Chaleurs. Vers 1790, il traversa la baie avec sa famille pour s’installer au Grand Chipagan. Établi sur la pointe Brûlé, à l’ouest du havre, il fut, en 1798, le premier habitant du Grand Chipagan à présenter une requête au gouvernement pour les titres de ses terres. Ses droits furent reconnus, mais il ne devait pas jouir longtemps de la possession tranquille de ses terres, puisqu’il mourut le 4 mars 1808 ; il fut inhumé le lendemain dans le vieux cimetière de Caraquet. Sa veuve s’en fut demeurer à Caraquet chez, une de ses filles, où elle mourut quelques années plus tard.

L’histoire de Jean-Baptiste Robichaux illustre bien les nombreux déplacements qu’eurent à subir les familles acadiennes lors de la dispersion. Il fut l’un des premiers Acadiens établis au Grand Chipagan et l’un des pionniers de cette localité. Parmi ses frères, qui s’installèrent tous au Nouveau-Brunswick, Isidore fut pionnier de Pokemouche (Inkerman), et Joseph, Pierre, Michel et Charles furent les fondateurs de Saint-Charles (comté de Kent).

Donat Robichaud


Source

AAQ, 311 CN, I-VI.— AD, Ille-et-Vilaine (Rennes), État civil, Saint-Servan, 1762, 4 févr. 1773.— AP, Saint-Bonaventure (Bonaventure), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures ; Saint-Joseph (Carleton), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures.— Arch. paroissiales, Caraquet, N.-B., Reg. des baptêmes, mariages et sépultures de l’Acadie, 1768–1799.— BL, Add. mss 21862 : 17b (transcription aux APC).— Northumberland County Registry Office (Newcastle, N.-B.), 8 : 23–25, testament de J.-B. Robichaux.— Placide Gaudet, « Généalogie des Acadiens, avec documents », APC Rapport, 1905, II, iiie part. : 333.— Patrice Gallant, Les registres de la Gaspésie (1752–1850) (6 vol., [Sayabec, Québec, 1968]), 5 : 454–456.— Donat Robichaud, Les Robichaud : histoire et généalogie (Bathurst, N.-B., [1967]), 86–90.
© 2000 University of Toronto/Université Laval
Source document :
Dictionnaire biographique du Canada en ligne
, Bibliothèque nationale du Canada et archives nationales du Canada




Dernière mise à jour : ( 20-01-2009 )
 
< Précédent   Suivant >
Joomla Templates by JoomlaShack