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L'histoire acadienne, au bout des doigts

L'Acadie contemporaine (1960 à ... ) Version imprimable


La période moderne a été marquée par l'arrivée au pouvoir en 1960 de Louis-J. Robichaud comme premier ministre du Nouveau-Brunswick et par les oeuvres qu'il a accomplies durant ses dix années à la tête du gouvernement de cette province. En plus d'avoir doté le Nouveau-Brunswick du statut de province officiellement bilingue, son gouvernement a redressé des torts longtemps subis par les Acadiens, en leur accordant une université française, une école normale française et une répartition plus équitable des taxes scolaires.

Les Acadiens possédaient plusieurs collèges classiques munis d'une charte universitaire. Mais tandis que l'Université du Nouveau-Brunswick à Fredericton recevait des octrois substantiels du gouvernement en tant qu'institution d'État, les universités confessionnelles (acadiennes et celles de Mount Allison et Saint Thomas) devaient se contenter de sommes insignifiantes. L'honorable Louis-J. Robichaud institua une commission royale d'enquête présidée par John Deutsch pour étudier ce problème. Cette commission recommanda des octrois gouvernementaux plus généreux et plus justes pour les universités de Mount Allison et de Saint Thomas. Pour les Acadiens, elle recommanda la création d'une nouvelle et unique université française à laquelle les collèges acadiens seraient affiliés. En 1963, l'Université de Moncton fut créée et assurée d'une base équitable d'octrois. Cette université n'a cessé de grandir depuis, ainsi que son rayonnement auprès des Acadiens des trois provinces. En 1975, une fusion avec le collège Saint-Louis d'Edmundston et celui de Jésus-Marie de Shippagan mettait les trois institutions sous une même direction et une même administration et conférait trois campus à l'Université de Moncton.

Les Acadiens avaient longtemps réclamé plus de français à l'unique école Normale de Fredericton. Peu satisfaits des résultats obtenus, ils demandaient leur propre école où leurs enseignants recevraient une formation pédagogique conforme à leurs besoins. Cette école fut accordée par le gouvernement Robichaud et bâtie sur le terrain de l'Université de Moncton. En 1973, le gouvernement Hatfield l'intégrait à cette université et celle de Fredericton à l'Université du Nouveau-Brunswick. À Moncton, cette école est devenue la faculté des sciences de l'Éducation, où les futurs enseignants acadiens du Nouveau-Brunswick et ceux des deux autres provinces peuvent recevoir leur formation pédagogique dans leur langue maternelle.

Enfin, le régime de taxation de la province du Nouveau-Brunswick s'avérait pour le moins inadéquat et inégal, de même que la base d'octrois aux commissions scolaires. Plus celles-ci étaient riches, plus substantiels étaient leurs octrois. Les Acadiens qui alors, avaient des familles nombreuses étaient plus pauvres et leurs commissions scolaires recevaient moins d'octrois. Leurs enseignants étaient moins bien payés et leurs écoles moins bien nanties. Le gouvernement, sur les recommandations d'une commission d'enquête royale présidée par l'avocat Byrne, prit à sa charge la construction des écoles, le salaire des enseignants fut établi selon leurs compétences. Il appliqua un système uniforme de taxation pour toute la province. Suite à ces législations salutaires, on a vu les régions françaises de la province se doter d'écoles modernes et les enseignants francophones se qualifient de façon remarquable.

Cette période (1960-1975) a profité à la communauté acadienne qui recevait dorénavant sa juste part des octrois publics mettant fin à l'iniquité séculaire entre la population anglophone et francophone. Ainsi, un réveil sans précédent s'est produit dans pratiquement tous les domaines chez les Acadiens.

L'influence de l'Université de Moncton se fait de plus en plus sentir à tous les niveaux de la culture et de la vie. Son Centre d'études acadiennes composé d'un personnel de douze personnes où on accumule toute la documentation manuscrite, imprimée, microfilmée et magnétoscopique concernant les Acadiens est unique au monde. Ouvert à tous, son rayonnement dépasse les cadres de l'Université et des Maritimes, puisque des chercheurs des autres provinces, des États-Unis et même d'Europe viennent s'y documenter.

En 1960 était fondée la Société historique acadienne. Elle publie une revue trimestrielle Les Cahiers. Au sein de cette société historique s'est formé un groupe de la Nouvelle-Angleterre.

En plus de la tenue de ses assemblées régulières, cette société a organisé des voyages très importants, entre autres celui de France en 1966. Une quarantaine d'Acadiens du Canada, accompagnés par des représentants officiels des gouvernements provinciaux et fédéraux, ainsi que des représentants de la Louisiane, allèrent fêter avec les descendants d'Acadiens de Belle-Ile-en-mer, le bicentenaire de leur arrivée sur cette île. Ils furent reçus par plusieurs villes françaises importantes et par le gouvernement français. Les problèmes de l'Acadie furent longuement discutés lors d'un dîner avec des ministres français. Ce fut le début d'une série de relations importantes, où quatre Acadiens furent invités et reçus par le général De Gaulle qui promit un engagement de la France et aida concrètement des oeuvres acadiennes, mais surtout le journal L'Évangéline. Un autre voyage historique fut organisé en 1969 vers nos frères acadiens de la Louisiane et un autre en France et en Espagne en 1973.

Puis d'autres sociétés historiques ont pris naissance. Celle de Nicolas Denys dans le nord de la province du Nouveau-Brunswick et celle du Madawaska qui publient chacune leur revue et celles de Pubnico et de la baie Sainte-Marie en Nouvelle-Écosse.

La Société des Acadiens du Nouveau-Brunswick et la Fédération des Acadiens de la Nouvelle-Écosse ont été fondées pour s'occuper des intérêts des Acadiens de leur province respective. La société Saint-Thomas-d'Aquin accomplit le même travail à l'île du Prince-Édouard. La Société nationale des Acadiens est devenue la fédération de ces trois sociétés. Le secrétariat d'État leur accorde des octrois qui leur permettent de maintenir chacune un secrétariat, d'embaucher des animateurs culturels dans plusieurs milieux et d'accomplir une oeuvre plus importante et nécessaire que jamais.

Grâce à ces sociétés nationales, le Petit Courrier de Yarmouth est devenu le journal hebdomadaire des Acadiens de la Nouvelle-Écosse et le journal la Voix Acadienne vient d'être lancé à l'ile du Prince-Édouard.

Une nouvelle association, les Dames d'Acadie, a pris naissance et se développe rapidement. Elle est appelée à jouer un rôle important chez nous.

En politique, en plus du règne de Louis-J. Robichaud en tant que premier ministre avec la plus forte représentation acadienne jamais vue à la législature et au Cabinet provincial du Nouveau-Brunswick, mentionnons que M. Hédard J. Robichaud était nommé lieutenant-gouverneur en 1971, l'avocat Charles-Edouard Léger défenseur du peuple (ombudsman) la même année et Joseph Bérubé en 1976. Enfin, le Parti acadien prenait naissance ainsi qu'une revue qui lui était étroitement associée L'Acayen.

Une foule d'activités ont eu lieu qui manifestent une nouvelle vitalité chez les Acadiens et démontrent l'intérêt qu'on leur porte.

  • Une section de l'association France-Canada s'est fondée à Moncton pour les provinces Atlantiques.
  • Un Acadien, Alexandre Savoie, a été élu président international des clubs Richelieu.
  • Martin Léger a été nommé président national du Conseil canadien de la coopération.
  • Des films sur l'Acadie ont suscité beaucoup d'intérêt, particulièrement L'Acadie, l'Acadie de Pierre Perreault, qui croquait sur le vif des revendications, surtout des étudiants de l'Université de Moncton.
  • Un village historique acadien a été bâti entre Caraquet et Grande-Anse au coût de plusieurs millions de dollars.
  • Les Éditions d'Acadie ont été lancées à Moncton et déjà plusieurs volumes de qualité y ont été publiés.


Enfin, le succès des livres d'Antonine Maillet, les nombreuses publications d'autres auteurs, la renommée de nos chansonniers, la qualité croissante de nos écoles, la vitalité nouvelle de nos associations provinciales, la vigueur actuelle de la presse acadienne, la force montante de nos coopératives et de nos caisses populaires, la solidité de la Société mutuelle L'Assomption dont la Place L'Assomption à Moncton en est le symbole et finalement le rayonnement grandissant de l'Université de Moncton témoignent que l'Acadie n'est pas près de mourir, mais plus vivante que jamais.

 

 

 


Dernière mise à jour : ( 01-08-2008 )
 
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