Les Abénaquis tirent leur nom d'un mot dans leur langue qui veut dire « peuple du Levant » ou « gens de l'Est ». En 1600, les Abénaquis de l'Est occupent le territoire actuel de l'État du Maine, sauf les parties les plus au nord et à l'est. Les Abénaquis de l'Ouest vivent dans le reste de la partie nord de la Nouvelle-Angleterre, du New Hampshire au lac Champlain. Les Abénaquis de l'Est et de l'Ouest parlent des langues algonquiennes étroitement apparentées, chaque groupe ayant divers dialectes locaux. Ceux de l'Est emploient au moins quatre de ces dialectes, le pequawket (pigwacket), l'arosaguntacook, le kennebec et le penobscot. Tous les Abénaquis appartiennent à la culture algonquienne de l'Est et ont été séparés des autres Algonquins de l'Ouest et du Nord par l'intrusion de groupes de culture iroquoienne il y a environ 1000 ans.
Vers 1600, on compte près de 14 000 Abénaquis de l'Est et 12 000 Abénaquis de l'Ouest, mais les maladies venues du Vieux Continent, particulièrement la rougeole et la variole, font chuter ces nombres de 78 p. 100 et 98 p. 100 respectivement, en quelques décennies. Les Abénaquis de l'Ouest qui survivent, souvent appelés Sokoki ou Penacook, cherchent refuge dans d'autres collectivités et nombre d'entre eux finissent par déménager dans les villages de Bécancour et de Saint-François, au Québec. Les Abénaquis de l'Est sont moins décimés par la guerre et la maladie, et plus de 400 Penobscots réussissent à survivre dans une réserve près de Old Town, dans le Maine. On compte aujourd'hui plus de 2000 Penobscots inscrits qui vivent dans la réserve et ailleurs. De nombreux Pequawkets, Arosaguntacooks et Kennebecs partent s'établir au Québec pendant la période coloniale. On dénombre 1843 Abénaquis inscrits au Canada (1996).
Il est souvent question des Abénaquis dans le journal de Champlain ainsi que dans les récits d'autres explorateurs et missionnaires. Ils survivent aux guerres coloniales pendant les deux siècles qui suivent en composant avec les intérêts divergents des Français et des Anglais, tout en jouant un rôle politique important en dépit de leur nombre réduit. La chute de la Nouvelle-France laisse les Abénaquis en position de faiblesse face à l'avance des Anglais après 1760, ce qui les force à conclure une alliance plutôt faible avec d'autres tribus anciennement alliées aux Français. La guerre de l'Indépendance américaine entraîne la séparation des Abénaquis de l'Est et de l'Ouest, dont la majorité vit à cette époque au Québec. Les Penobscots se rangent du côté des Passamaquoddy de l'Est du Maine pour défendre la frontière de la Nouvelle-Angleterre au nom des Américains. Les Abénaquis demeurent divisés dans des camps adverses durant la guerre de 1812.
En 1600, tous les Abénaquis vivent de chasse, de pêche et de cueillette. Les tentatives de se livrer à l'agriculture demeurent vaines jusqu'après le développement de la traite des fourrures. En conséquence, la densité de population des Abénaquis ne représente que le dixième de celle des Algonquins pratiquant l'agriculture en Nouvelle-Angleterre. Ils s'adaptent rapidement à la traite des fourrures et à l'économie de marché. Traditionnellement, ils habitent des villages près des chutes des principaux cours d'eau pendant les saisons où le poisson migrateur peut être pêché. Pendant les autres saisons, ils se dispersent en groupes familiaux sur la côte ou en petits campements au bord des affluents à l'intérieur des terres. Ces campements servent de camps de base des territoires de piégeage pendant l'apogée de la traite des fourrures. Lorsque ce commerce commence à péricliter, bon nombre d'entre eux se tournent vers l'exploitation forestière ou la fabrication de canots d’écorce ou d'articles de vannerie. De nos jours, la plupart des Abénaquis s'adonnent à des occupations semblables à celles du reste de la population du Québec et de la Nouvelle-Angleterre. Ils demeurent renommés pour la qualité de leurs ouvrages tressés et pour la vigueur de leur folklore. La figure héroïque de Gluskabe (Glooscap) est importante dans les contes abénaquis. Cependant, ceux-ci sont maintenant racontés en anglais ou en français, car les dialectes abénaquis ont à peu près disparu.
Dean Snow
Source :
Bibliographie F. Speck, Penobscot Man (1970); D.R. Snow, The Archaeology of New England (1980); B.G. Trigger (dir.), Handbook of North American Indians, vol. 15: Northeast (1978). L'Encyclopédie canadienne © 2004 Fondation Historica du Canada
Source document : L'Encyclopédie canadienne
Images:
1- Couple Abénaquis
2- Source map: Daugherty, W.A. Maritime Indian Treaties in Historical Perspective. Ottawa: Department of Indian and Northern Affairs, 1983.
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