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L'histoire acadienne, au bout des doigts

Les Migrations Version imprimable

 

Au retour de la paix en 1763, on assiste à une vague de migration acadienne hors des colonies américaines. Certains arrivent à retourner en Nouvelle-Écosse, mais il est difficile d'en estimer le nombre. Les migrations les plus connues s'énumèrent comme suit : en 1763, 116 Acadiens du Massachusetts s'installent aux Îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Bon nombre émigrent depuis New York vers Saint-Domingue, où plusieurs périssent sous le climat tropical. En 1766, 216 Acadiens de la Nouvelle-Écosse arrivent en Louisiane (colonie française cédée à l'Espagne en 1762) où l'on accueille aussi en 1767 des Acadiens du Maryland. En 1766, environ 90 exilés du Massachusetts se rendent à Québec.

Le sort réservé aux déportés en France et en Angleterre est tout aussi mouvementé. Les 1,100 Acadiens rejetés par la Virginie en 1755 sont transportés dans les villes de Liverpool, Southampton, Faimouth et Bristol où on les installe dans des entrepôts. Ce groupe est ravagé par une épidémie de petite vérole en 1756 et ne compte plus à sa libération, en 1763, qu'environ 866 personnes. De ceux-ci, 753 se rendent en France où se trouvent déjà environ 3 500 déportés dispersés dans les ports de Boulogne, St-Malo, Rochefort, Morlaix, Lorient, Belle-Ile-en-Mer, Le Havre, Cherbourg, La Rochelle et Bordeaux.

La France leur verse une pension et, pendant une vingtaine d'années, elle tente de les relocaliser en Guyane Française, aux Îles malouines (Îles Falkland), à Saint-Domingue, en Bretagne, à Belle-Île-en-Mer, au Poitou et en Corse. Cependant, ces projets connaissent peu de succès. L'Amérique attire la plus grande part des déportés. En 1763 par exemple, 100 Acadiens émigrent aux Îles Saint-Pierre-et-Miquelon et en 1774, d'autres acceptent l'invitation de marchands-pêcheurs jersiais et deviennent employés dans leur entreprise dans le Golfe Saint-Laurent. La vague d'émigration la plus importante a lieu en 1785 quand l'Espagne, qui cherche à renforcer sa position en Louisiane, y amène 1600 Acadiens.

En 1763, la guerre cesse entre la France et l'Angleterre, mettant ainsi un terme aux déportations. En huit ans environ 10,000 Acadiens ont été déportés, soit environ 75% de la population acadienne. Leurs terres sont désormais occupées par quelque 8,000 nouveaux colons ou Planters de la Nouvelle-Angleterre. À l'époque, l'expulsion d'une communauté au lendemain d'une conquête n'était pas une mesure exceptionnelle. Ce qui caractérise la Déportation acadienne, c'est que, contrairement à l'usage, les Acadiens n'ont pas été relocalisés dans un territoire français, mais plutôt en milieu hostile, soit dans des possessions anglaises. De plus, les Acadiens ont été déportés plus de quarante ans après la conquête de l'Acadie et on leur a confisqué leurs biens et propriétés, les laissant ainsi totalement démunis.

Les Acadiens qui ont échappé à la Déportation ne connaissent pas un sort plus enviable. Bien que la France leur offre peu de support militaire, la population acadienne et amérindienne continue de s'opposer aux Anglais. Boishébert dirige par centaines les réfugiés sur les fleuves Saint-Jean et Miramichi, et l'on retrouve ainsi des îlots de résistance acadienne, notamment le long de la baie des Chaleurs.

Acadiens et Amérindiens guerroient contre les Anglais et réussissent tant bien que mal à les tenir en respect. Cachés dans les bois, les réfugiés vivent misérablement. Aux prises avec la faim, le froid, la maladie et l'épuisement, bon nombre périssent. Toutefois, certains s'évadent au Canada où ils s'installent, entre autres, dans la région des TroisRivières et en Gaspésie.

La prise de Louisbourg est lourde de conséquences pour les différents établissements acadiens. Les forces anglaises lancent des expéditions punitives et ces incursions prennent souvent l'allure de chasses à l'homme. À l'automne 1758, plus de 2,000 militaires dirigés par Monckton se rendent au fleuve Saint-Jean. La population, laissée à elle-même, fuit et remonte plus haut sur le fleuve. Les Britanniques ont surestimé les forces françaises. L'année suivante, la garnison est alors réduite à 300 hommes et elle poursuit sa campagne de destruction jusqu'au village de Saint-Anne.

À la capitulation de Québec en 1759, plusieurs Acadiens se rendent aux autorités et sont emprisonnés dans les forts anglais. En 1760, après avoir livré bataille contre l'expédition de Byron, le poste de Restigouche capitule. L'année suivante, le capitaine McKenzie attaque les hameaux de Richibouctou à Restigouche, mettant un terme à la résistance acadienne.



Source:
"La Déportation des Acadiens", Publié en vertu de l'autorisation du ministère de Approvisionnement et Services Canada, 1986, environnement Canada (Parcs)


Dernière mise à jour : ( 12-07-2008 )
 
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