LANDRY, ISRAËL-J.-D. (baptisé Jean-Misaël Maynard), instituteur, musicien, marchand de musique, rédacteur en chef et éditeur, né le 1er décembre 1843 à Dorchester (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec), fils aîné de Jean-Misaël Maynard, fermier, et de Constance Bélanger ; le 16 novembre 1869, il épousa à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, Ellen (Ella) McGourty, et ils eurent un fils, mort en bas âge, et une fille ; décédé dans cette ville le 22 avril 1910.
On ignore pourquoi Israël-J.-D. Landry changea son nom de baptême. On ne sait rien non plus de sa formation, quoiqu’il soit possible qu’il ait étudié au petit séminaire de Montréal, où un Israël Ménard était inscrit en 1857–1858. Quand il se rendit à l’Île-du-Prince-Édouard au début des années 1860, pour travailler avec le père George-Antoine Bellecourt à Rustico, on l’appelait « M. Landry de Montréal ».
Landry demeura deux ans à Rustico. Bellecourt, chez qui il demeurait en pension, l’a décrit comme « un jeune homme modeste, pratiquant sa religion fidèlement, et sincèrement chrétien ». Landry s’intéressait aux efforts que les Acadiens faisaient pour conserver leur langue et consacra beaucoup de temps à les aider. Bellecourt le plaça à la tête d’une école secondaire qui formait des instituteurs acadiens. En plus du programme régulier, il enseignait la musique et le chant ; il était aussi organiste et maître de chœur. Ses activités musicales étaient bien accueillies dans l’île, surtout son travail auprès d’un orchestre de jeunes qui participait à des manifestations spéciales à Charlottetown. Par la suite, il vécut un moment à Chatham, au Nouveau-Brunswick, où il enseigna la musique et fut organiste de la procathédrale St Michael. En mars 1867, il rédigea et imprima le prospectus d’un journal francophone.
Ensuite, Landry s’installa à Shédiac. Contrairement à Chatham, cette localité était au cœur d’une région francophone, bien desservie par les réseaux de communication et proche du collège Saint-Joseph de Memramcook, foyer de la vie intellectuelle acadienne. Là, le 8 juillet 1867, se désignant comme « Israel J. D. Landry, rédacteur-propriétaire », il lança le premier numéro du Moniteur acadien. Ce journal, le premier de langue française dans les Maritimes, avait pour but de venir en aide aux Acadiens, souvent accusés d’apathie en matière d’éducation, en les instruisant sur l’actualité et sur leur histoire, et de les défendre contre le mépris et l’injustice. Surtout, il visait à les unir « depuis le Madawaska jusqu’au Cap Breton » et à les encourager à préserver leur langue, leur religion et « leurs pieuses et honnêtes coutumes ».
Landry fît aussi de la politique. Aux élections fédérales de septembre 1867, il se présenta dans la circonscription de Westmorland sous la bannière conservatrice. Albert James Smith le battit par 2 216 voix contre 454, résultat qu’il attribua à « l’injustice la plus criante et la corruption la plus abominable ». Il avait suspendu la publication de son journal pour des raisons financières, et au début de l’année suivante, il le vendit à son imprimeur, F.-X.-N.-Norbert Lussier. Il ne l’avait donc publié que durant quelques mois, mais il avait créé un instrument qui, surtout entre les mains de Ferdinand Robidoux et de sa famille, allait contribuer fortement à la renaissance acadienne de la fin du xixe siècle.
Établi à Saint-Jean, Israël-J.-D. Landry fut organiste et maître de chœur à la cathédrale Immaculate Conception jusqu’à sa mort. Il ouvrit rue King un vaste magasin de musique où il vendait à la fois des instruments et des partitions. En plus, il publia de la musique, dont quelques-unes de ses propres compositions, et distribua un mensuel, le Landry’s Musical Journal. Sa Messe no 2, pour quatre voix avec accompagnement d’orgue, était dédiée à l’évêque de Saint-Jean, John Sweeny. Il suivait de près les affaires municipales et fut un temps consul de France à Saint-Jean.
Nancy F. Vogan
Source :
La firme d’Israël-J.-D. Landry, Landry and Company, a publié de nombreuses partitions musicales, dont celle de son œuvre intitulée Mass no 2 in B ä for four voices with organ accompaniment (Saint-Jean, N.-B., s.d.). Une liste de ces publications figure dans Landry and Company, Landry’s select catalogue of the best and most popular songs and pieces published [...] (Saint-Jean, s.d.), dont un exemplaire est conservé au Musée du N.-B.
ANQ-M, CE4-10, 2 déc. 1843.— APNB, RS315, A1, 19, no 297.— Arch. of the Diocese of Saint John (Saint-Jean), Cathedral of the Immaculate Conception (Saint-Jean), reg. of marriages, 16 nov. 1869.— Centre d’études acadiennes, univ. de Moncton, N.-B., Fonds [F.-]E. Rameau de Saint-Père, 2.1-8.— St Mary’s Cemetery (Saint-Jean), Burial records and tombstone inscriptions.— Le Moniteur acadien (Shédiac, N.-B.), 1867–1868, 28 avril 1910 : 2.— Saint John Globe, 23 avril 1910 : 4 ; 25 avril 1910 : 7.— Georges Arsenault, Les Acadiens de l’île, 1720–1980 (Moncton, 1987).— J.-H. Blanchard, les Acadiens de l’île Saint-Jean : conférence donnée lors du congrès pédagogique des instituteurs acadiens tenu à Miscouche en 1920 (s.l., 1921).— Clément Cormier, « le Centenaire du Moniteur acadien », Soc. hist. acadienne, Cahiers (Moncton), 2 (1966–1968) : 226–232.— DAF (Dufresne et al.).— « The founding of le Moniteur acadien », Naomi Griffiths, édit., Acadiensis (Fredericton), 2 (1972–1973), no 2 : 80–90.— Maurault, le Collège de Montréal (Dansereau ; 1967), 271.— J. M. Reardon, George Anthony Belcourt, pioneer Catholic missionary of the northwest, 1803–1874 ; his life and times (Saint Paul, Minn., 1955).— M. S. Spigelman, « The Acadian renaissance and the development of Acadien-Canadien relations, 1864–1912, « des frères trop longtemps séparés » (thèse de ph.d., Dalhousie Univ., Halifax, 1975).— Vital statistics from N.B. newspapers, 1869–70 ; 1873 (Johnson).
© 2000 Université Laval/University of Toronto
Source document :
Dictionnaire biographique du Canada en ligne, Bibliothèque nationale du Canada et archives nationales du Canada
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